Le Burkina Faso a ordonné à la coordinatrice de l’ONU dans le pays de quitter les lieux d’ici la fin de la journée, la déclarant « persona non grata », a indiqué vendredi le ministère des Affaires étrangères.
La diplomate italienne Barbara Manzi, coordinatrice résidente des Nations unies au Burkina Faso, « est déclarée persona non grata sur le territoire du Burkina Faso », a indiqué le ministère, sans donner de raison officielle à cette expulsion. « Elle est donc priée de quitter le Burkina Faso ce jour, 23 décembre 2022 ».
La ministre des Affaires étrangères, Olivia Rouamba, a déclaré que la décision de Manzi de retirer « unilatéralement » le personnel non essentiel de l’ONU de la capitale Ouagadougou justifiait cette mesure.
Ce retrait « discrédite et ternit l’image du pays et rebute les investisseurs potentiels. C’est impensable et nous devons prendre nos responsabilités », a-t-elle déclaré à la télévision nationale.
Rouamba a déclaré que Manzi avait « prédit le chaos au Burkina Faso dans les mois à venir », ajoutant que les Nations unies devraient agir comme une « structure de soutien » alors que l’État ouest-africain lutte contre une insurrection djihadiste sanglante.
Pays pauvre enclavé au cœur du Sahel, le Burkina Faso est en proie depuis 2015 à des attaques perpétrées par des djihadistes liés à Al-Qaïda et au groupe État islamique.
L’insurrection a fait des milliers de morts et chassé environ deux millions de personnes de leurs foyers.
Une longue liste de récriminations
Selon une source diplomatique, cette expulsion « risque de placer le pays dans une situation délicate, à un moment où le Burkina Faso a plus que jamais besoin de partenaires pour faire face à la crise sécuritaire et humanitaire », a ajouté cette source.
Une autre source diplomatique a déclaré à l’AFP qu’une « longue liste de récriminations » avait conduit à l’expulsion de Manzi.
Outre la demande de retrait du personnel non essentiel, Manzi est également accusé de « tentative d’influence négative » et d' »ingérence dans les affaires politiques du Burkina », selon la deuxième source.
M. Rouamba a ajouté que le Burkina Faso a « maintenu une très bonne coopération » avec les Nations unies, indépendamment de l’expulsion de M. Manzi.
Mme Manzi, qui était également coordinatrice humanitaire de l’ONU, occupait son poste au Burkina Faso depuis août 2021.
L’expulsion de la fonctionnaire de l’ONU intervient quelques jours après l’expulsion de deux ressortissants français travaillant pour une entreprise burkinabè, les autorités les accusant d’espionnage.
Les organisations de médias du Burkina Faso ont également accusé la junte au pouvoir de répression après la suspension de Radio France Internationale (RFI), très suivie dans cet État d’Afrique de l’Ouest.
La frustration suscitée par le bilan militaire de plus en plus lourd de la lutte contre les djihadistes a entraîné deux coups d’État cette année, menés par des officiers mécontents, dont le dernier en septembre, lorsque le capitaine Ibrahim Traoré a évincé le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba.